August 1, 2024

» De céleste, la voix s'enfonce dans le gouffre de déchirements sauvages où la poésie noircit de fureur. Le dernier bis sera la Habanera de Carmen, mais jusqu'à l'entracte Elīna Garanča n'a rien chanté en français. On le regretterait presque pour « La Chanson du voile » dont l'original français: « Ô jeunes filles, tissez des voiles! » est supérieur à l'italien: « Ah! Elīna garanča théâtre des champs elysées 14 octobre editions. Tessete i veli, vaghe donzelle », où on aurait préféré fanciulle à un donzelle désastreux en français. Pourtant on ne regrette rien, on s'abandonne à l'italien porté par la beauté de la voix. Après les grands airs d'opéra de la première partie du concert, un extrait des « Mélodies du cœur », « T'estimo » de Grieg, sur des paroles de Hans Christian Andersen, annonce un cycle latino où tous les airs s'enchainent comme s'ils étaient tirés d'une seule zarzuela. Les couplets célébrissimes, qui ont été interprétés par les plus grands, racontent une histoire d'amour triste et passionnée de possession et d'abandon. A la déclaration romantique de Grieg: « T'estimo és cert i per l'eternitat, Je t'aime, c'est certain pour l'éternité », succède l'appel charnel, chantée par l'amant sous le balcon de sa belle aux cheveux noirs, et la belle qui se répète les mots brûlants de son amant, échappe à la surveillance de la maman dans le morceau suivant, la « Musique interdite » de Gastaldon: « Fammi provar l'ebrezza dell'amor, Fais-moi sentir l'ivresse de l'amour » qui fut chanté par Caruso.

Elīna Garanča Théâtre Des Champs Elysées 14 Octobre 2022 Manuela

Il refuse de croire que celle qu'il aime est méchante parce que sans elle il ne peut pas vivre! « Porque no sé vivir ». Ainsi les airs des pages vocales de la seconde partie, alors qu'ils sont extraits d'œuvres différentes, forment une histoire et la voix radieuse d' Elīna Garanča s'empare avec allégresse de certains airs chantés par des voix hommes. Dirigé par Karel Mark Chichon, le Deutsche Staatphilarmonie Rheinland-Pfalz, qui s'enthousiasme dans les pages philharmoniques, s'harmonise avec l'élégance vocale d'Elīna Garanča, ses élans de lumière et ses raffinements stylistiques jusqu'à la flamboyante Habanera de Carmen avec laquelle elle termine sous les ovations avant d'aller signer ses disques, avec Karel Mark Chichon. Elīna garanča théâtre des champs elysées 14 octobre 2010. Photos ci-dessus: Elīna Garanča et le chef Karel Mark Chichon, son mari, signent le disque « Meditation »(Deutsche Grammophon) et les programmes. Sur Samson et Dalila: e-le-12-mai-2018/ ‎ lila-vienne-2018/ t-lemaire-acte-i/ au-livret-dopera/ © Jacqueline Dauxois

Elīna Garanča Théâtre Des Champs Elysées 14 Octobre Editions

Quant au français, il a dû être abondamment travaillé, mais il n'en reste pas moins incompréhensible dans le Gounod où notre connaissance de l'air ne vient pas suppléer une prononciation assez exotique. Drôle de choix aussi du côté des intermèdes symphoniques. Quel gâchis de disposer de la philharmonie tchèque pour la fourvoyer dans un tel programme! Si l'orchestre se réveille un peu dans la kitchissime « Bacchanale » de Samson, on se demande ce que vient faire la « Méditation » de Thaïs dans un programme où ne figure pas un seul Massenet, surtout avec un premier violon aussi terne et un chef aussi peu concerné. Ne parlons même pas de ces pasodobles, musique de bastringue, où Karel Mark Chichon a sans doute voulu évoquer cette Espagne dont toute la deuxième partie — bis compris — se réclame. Ils ouvrent sur une tonalité d'une décourageante vulgarité, surtout dirigés avec une telle lourdeur. En deuxième partie, Carmen ne paraît pas un choix idéal pour un récital. LES GRANDES VOIX - ELĪNA GARANČA - Théâtre des Champs-Elysées | THEATREonline.com. Les airs s'ils ne sont pas soutenus par un authentique tempérament, de la sensualité, un naturel, paraissent vite bien brefs et assez banals, même complétés par les quatre préludes donnés dans le plus grand des désordres.

Elīna Garanča Théâtre Des Champs Elysées 14 Octobre 2010

Dès les premières notes de la « Chanson du voile » de Don Carlo (« Nel giardin del bello »), Elina Garanča fait entendre une projection remarquable, remplissant instantanément la salle d'une voix sombre, percutante, d'une parfaite homogénéité du bas-medium au grave – et quel grave! Au Théâtre des Champs-Elysées, Elina Garanca ouvre la saison d. Le deuxième air d'Eboli, « O don fatale » la montre encore plus investie dramatiquement, habitée par un rôle qui paraît une promenade de santé à la chanteuse, dévoilant un aigu métallique et puissant. C'est d'ailleurs cette qualité d'aigu qui lui permet une incursion chez les sopranos avec cet extrait d' Adriana Lecouvreur, « Io son l'umile ancella »: là encore le timbre est beau, la technique irréprochable. Mais on y aurait souhaité des voyelles moins assombries, une voix plus lumineuse, un personnage plus sensible: un peu de l' italianità attendue chez Cilea, et qui fera également défaut dans la « Musica proibita » de Gastaldon dans la deuxième partie du concert. Le récital se poursuit en effet avec des mélodies et des extraits de zarzuela: « T'estimo » de Grieg, profond, engagé, mais sans grand débordement romantique; « Lela » de Mato Hermida puis « El dia que me quieras » de Gardel, dont la mélancolie voire le désespoir conviennent tout particulièrement à la chanteuse, qui y met toute l'obscurité de son timbre et toute l'attention possible au texte qu'elle énonce.

Récital Elina Garanca. Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 14 octobre.

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